3D Learning Hub
Samuel Guigo
Project Manager WPRINT

People of 3D Printing: Samuel Guigo

Qui est Samuel Guigo?

Manipulateur radio de formation, Samuel Guigo a débuté sa carrière dans des hôpitaux parisiens avant de rejoindre le CHU de Brest en 2017, où il joue un rôle central dans le développement de solutions innovantes en santé. Il est également l’un des piliers de Wprint, une plateforme dédiée à l’impression 3D médicale. Au sein de cette structure, Samuel coordonne les aspects techniques et contribue activement à la conception et à la fabrication de dispositifs personnalisés ainsi que des modèles anatomiques, en étroite collaboration avec les équipes soignantes et les ingénieurs biomédicaux. Son expertise et son engagement font de lui un acteur clé dans l’intégration des technologies de fabrication additive au service des patients.

Peux-tu nous raconter ton parcours et comment tu en es venu à travailler au sein de l’hôpital dans un pôle dédié à l’impression 3D ?

Initialement, j’ai travaillé sur un projet de recherche axé sur la neuro-radio interventionnelle et la fabrication de modèles d’anévrismes intracrâniens. Mon intérêt pour l’impression 3D s’est manifesté dans la création de modèles patients-spécifiques à partir d’imagerie médicale, domaine qui constituait mon cœur de métier. L’obtention d’une première bourse de financement a permis l’acquisition d’une première machine. Par la suite, nous avons étendu cette approche à d’autres types de chirurgie et développé une offre de fabrication de pièces à la demande pour répondre aux besoins spécifiques de l’hôpital, qu’il s’agisse de pièces de rechange ou de solutions sur mesure sollicitées par le personnel.

J’ai acquis de manière autodidacte les compétences nécessaires à l’utilisation des machines d’impression 3D, des outils de segmentation médicale et des logiciels de CAO.

WPRINT

Quel est ton rôle précis au sein du CHU et comment cela s’articule avec tes activités dans Wprint ?

Je m’occupe de toute la chaîne de conception, à partir de la demande du personnel de l’hôpital. Nous faisons une étude de faisabilité afin notamment de vérifier qu’il n’existe pas de solutions existantes au problème remonté par les équipes, puis de vérifier qu’une pièce imprimée en 3D permettrait de mieux répondre au besoin identifié. S’ensuit enfin la gestion du projet qui passe souvent par la segmentation d’imagerie médicale (à l’aide de logiciel comme Slicer3D), la fabrication avec une machine d’impression 3D, le post-traitement, le contrôle qualité, la mise en service du produit, ainsi que d’éventuels rédaction de documents réglementaires. 

Principalement, les besoins sont de 2 types : 

  • Dans le domaine de la chirurgie, nous réalisons des modèles anatomiques spécifiques au patient afin de prévisualiser en préopératoire une zone précise lors d’opérations complexes. Dans ce type de cas, le bénéfice est triple : pour le chirurgien, le modèle lui permet d’affiner sa connaissance physique de la zone opératoire et de préparer éventuellement son intervention. Pour le patient, cela lui offre une meilleure visualisation et compréhension des enjeux de la pathologie qui l’affecte. De façon générale, ces modèles peuvent ensuite être utilisés à des fins pédagogiques, auprès du personnel soignant ou des différents acteurs de l’écosystème de santé. Ces mêmes modèles peuvent également servir de “fantômes” pour tester des stratégies thérapeutiques.
  • Le deuxième type de besoins auxquels nous répondons concerne les demandes des fonctions supports de l’hôpital, où la nature des pièces peut être très variée. Cela va de la pièce de rechange, obsolète chez le fournisseur et donc impossible à se procurer, aux pièces d’aménagements spécifiques destinées aux patients ou au personnel de santé pour améliorer leur quotidien. Ces dernières peuvent répondre à des besoins liés à leur pathologie (comme des pièces favorisant l’autonomie des personnes ayant subi un AVC) ou, en ce qui concerne les personnels de santé, à des adaptations de leur outil de travail visant à améliorer leur confort ou leur productivité..

Représentation anévrisme

Comment décrirais-tu Wprint en quelques mots à quelqu’un qui ne connaît pas du tout la structure ?

W.print est un laboratoire d’impression 3D au sein de l’hôpital où il est possible de soumettre un projet de fabrication. Selon le type de besoin, tel qu’évoqué précédemment, on peut présenter un plan, une photo ou une idée, et nous nous chargeons de l’étude de faisabilité et de la conception sur mesure. Notre principe est de combler le manque de solutions existantes. Les demandes peuvent émaner du personnel médical, mais également paramédical, dans le cadre de l’amélioration de leur poste de travail (par exemple : brancardier, ambulancier, cuisinier de l’hôpital, etc.).

Nous disposons de neuf machines utilisant trois technologies différentes, ce qui nous permet de couvrir une large gamme de besoins. Les technologies comme la SLA sont plus adaptées aux modèles d’anatomie vasculaire, par exemple, pour simuler les tissus mous, tandis que les pièces mécaniques sont plus souvent réalisées en filament.

Peux-tu nous donner un exemple de cas concret où l’impression 3D a vraiment fait la différence pour un patient ou une équipe médicale ?

Nous réalisons des pièces d’aides techniques pour les personnes en situation de handicap lorsque les produits standardisés ne répondent pas pleinement à leurs besoins. Par exemple, nous avons conçu et imprimé un support de cuillère pour les patients sortant de réanimation ou ayant subi un accident vasculaire cérébral (AVC), afin de favoriser une récupération plus rapide de leur autonomie.

D’un autre côté, la fabrication de modèles anatomiques améliorent considérablement la compréhension du modèle pathologique, tant pour le patient que pour sa famille. Dans le contexte délicat des enjeux pédiatriques, cette visualisation concrète se révèle particulièrement précieuse pour appréhender la complexité de la situation. 

Enfin, pour la chirurgie: Grâce à la fabrication de modèles anatomiques spécifiques, notamment dans les domaines vasculaires, ostéo-articulaires, ORL et pour la chirurgie des cancers de la face et du cou, incluant les reconstructions mandibulaires post-cancéreuses, les chirurgiens peuvent simuler et perfectionner leurs interventions en préopératoire. Cette pratique permet d’anticiper les difficultés techniques, d’affiner la planification et, in fine, de sécuriser davantage le parcours du patient. 

Quelles innovations ou évolutions technologiques te semblent les plus prometteuses pour l’avenir de la fabrication additive en milieu hospitalier ?

L’acquisition de machines de frittage de petit format nous offrirait la possibilité de fabriquer une plus grande variété de pièces directement sur place. Par ailleurs, l’internalisation de la production d’implants métalliques représenterait une évolution intéressante, nous permettant de mieux maîtriser ces processus.

Une autre piste de développement intéressante serait l’impression 3D de médicaments. Cette technologie pourrait permettre de fabriquer des posologies très spécifiques ou des médicaments avec différents niveaux de diffusion. Par exemple, nous pourrions imprimer des médicaments multicouches qui libèrent leurs substances actives progressivement au cours du temps et de la digestion du comprimé. Un tel procédé réduirait la fréquence des prises et améliorerait la précision du traitement.  

Si tu pouvais rêver d’un usage encore inexistant de l’impression 3D à l’hôpital, ce serait quoi ?

Nous pensons bien sûr à la bio-impression : être capable d’imprimer des tissus à partir des cellules souches du patient, sans risque de rejet. Cela permettrait de pallier le manque de donneur pour les greffes, et de réaliser des tissus sur mesure parfaitement adaptés. 

Conclusion ou derniers mots ?

Face à la conjoncture actuelle de restriction budgétaire au sein de l’hôpital public, il devient impératif d’explorer et d’adopter des solutions innovantes pour maintenir l’engagement et la motivation du personnel soignant. L’impression 3D se présente comme un outil précieux dans cette démarche. En offrant la possibilité de concevoir et de fabriquer des adaptations sur mesure pour leur environnement de travail, nous leur donnons les moyens d’améliorer concrètement leur quotidien. Qu’il s’agisse de simplifier des tâches répétitives, d’optimiser l’ergonomie des postes de travail ou de créer des outils spécifiques répondant à des besoins précis, ces petites améliorations peuvent avoir un impact significatif sur leur bien-être et, par ricochet, sur la qualité des soins prodigués aux patients. Cette implication du personnel dans la recherche de solutions pragmatiques renforce non seulement leur sentiment d’appartenance et leur créativité, mais contribue également à une culture d’innovation au sein de l’établissement.

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