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Tuan TranPham
Président chez Anisoprint

People of 3D Printing: Tuan TranPham

Qui est Tuan TranPham ?

Fort de plus de vingt ans d’expérience, Tuan TranPham est une figure incontournable du secteur de la fabrication additive. Il a occupé des postes clés de président et de Chief Revenue Officer dans certaines des plus grandes entreprises du domaine, notamment Z Corp, 3D Systems, Stratasys et Desktop Metal. Son expertise unique lui permet d’avoir une vision claire de l’évolution, des défis et des immenses opportunités qu’offre l’impression 3D. Lauréat du prestigieux prix DINO, il possède une perspective internationale forgée par ses nombreuses missions à l’étranger, ainsi qu’une compréhension approfondie de l’innovation technologique. Au-delà de son parcours professionnel, Tuan est également très actif sur LinkedIn, où il partage avec passion ses réflexions sur les technologies émergentes et l’avenir de l’industrie. Découvrons la vision d’un leader qui n’a pas seulement observé l’évolution de la fabrication additive, mais qui y a activement contribué. 

Comment avez-vous commencé dans l’industrie de l’impression 3D ?

Avant d’entrer dans le monde de l’impression 3D, je travaillais dans l’industrie des semi-conducteurs chez Intel. J’ai découvert Z Corporation en 2003 — presque par hasard — grâce à un ami qui y travaillait. Cette rencontre a marqué le début de mon parcours dans la fabrication additive, alors que je ne connaissais pratiquement rien à ce domaine à l’époque.

Au cours des 22 dernières années, j’ai travaillé pour des fabricants de machines — plus précisément, neuf grandes entreprises d’impression 3D. Cinq d’entre elles font partie des leaders du marché : Z Corp, Stratasys, 3D Systems, GE et Desktop Metal. Mon rôle principal a été de construire des réseaux de distribution en identifiant et en recrutant les bons revendeurs pour ces technologies.

En 2010, l’industrie a connu une vague de consolidation importante : 3D Systems a racheté Z Corp, suivie de la fusion entre Objet et Stratasys en 2012. Nous assistons aujourd’hui à un mouvement similaire, avec des entreprises comme Nano Dimension, Markforged et Desktop Metal qui se regroupent. Pourtant, malgré leur taille, ces sociétés ne représentent qu’une petite part du marché global de l’impression 3D — preuve que le secteur reste encore très fragmenté.

J’ai rejoint Anisoprint en novembre 2024. Notre mission est de rendre l’impression 3D à fibre continue accessible et abordable. Je décris souvent la fibre de carbone comme un matériau se situant entre le plastique et le métal en termes de performance. Si les composites à fibres courtes sont déjà largement utilisés, la fibre continue permet d’obtenir des pièces bien plus solides — capables de remplacer le métal dans de nombreuses applications.

Tout au long de ma carrière, j’ai fait de la promotion de l’impression 3D une priorité, quel que soit l’employeur. Je partage activement des analyses utiles sur LinkedIn et j’ai rassemblé une communauté de plus de 43 000 abonnés. 

Selon vous, quel est l’état actuel du marché de la fabrication additive ?

Pour devenir une vraie industrie, il faut atteindre une taille de marché mondiale de 100 milliards de dollars.

Très peu d’entreprises pratiquent réellement l’impression 3D à grande échelle. Si l’on parle de volumes entre 100 000 et 1 million de pièces, il n’existe qu’une dizaine d’applications connues publiquement ayant atteint ces chiffres. Il y en a peut-être davantage sous NDA, mais elles ne sont pas visibles du grand public. 

Aujourd’hui, le marché de l’impression 3D est estimé entre 18 et 19 milliards de dollars, et il ne croît que d’environ 1 milliard par an. La seule voie réaliste vers les 100 milliards passe par la production de masse. Pour y parvenir, il faut améliorer les matériaux, la vitesse d’impression et, surtout, le coût unitaire.

L’impression 3D se trouve actuellement dans une phase comparable à celle de l’usinage CNC il y a 30 ans. Il est temps de se concentrer sur le débit de production, le temps de fonctionnement des machines et l’efficacité globale — et de sortir de la logique du prototypage.

Les chaînes d’approvisionnement jouent aussi un rôle clé pour renforcer la fiabilité des matériaux et des processus. Par exemple, dans l’impression 3D métal, les poudres utilisées pour la fusion sur lit de poudre sont les mêmes que celles utilisées en MIM (Metal Injection Molding), un procédé maîtrisé depuis plus de 40 ans. Cela rassure les utilisateurs, car les matériaux présentent déjà de bonnes propriétés mécaniques. Malheureusement, nous n’avons pas encore atteint ce niveau de maturité pour les polymères. 

Selon vous, quels secteurs profitent le plus de la fabrication additive ?

Historiquement, l’impression 3D était réservée aux “riches et privilégiés” — c’est-à-dire des applications à faible volume et forte valeur ajoutée, comme l’aéronautique et le médical.

Mais avec une population mondiale qui atteindra 8 milliards en 2025, il est évident que pour que l’industrie se développe à grande échelle, les applications grand public doivent prendre le relais. Cela nécessite des matériaux de haute qualité, et il est encourageant de voir que le secteur s’oriente de plus en plus vers des solutions adaptées aux consommateurs. 

Quelles sont, selon vous, les applications les plus prometteuses actuellement ?

Je suis particulièrement enthousiasmé par l’impression 3D de béton. Ce secteur attire beaucoup d’investissements et pourrait devenir une véritable tendance, surtout face à la crise mondiale du logement, exacerbée par la croissance démographique et le ralentissement de la construction depuis la pandémie.

Un autre domaine fascinant est celui de la bio-impression, notamment pour la création de tissus vivants comme le foie, voire un jour d’organes entiers. C’est inspirant de voir l’impression 3D mise au service de l’humanité, même si ce secteur nécessitera encore de nombreuses années de R&D.

Cela dit, je reste prudent face à la montée récente des startups proposant des technologies “spectaculaires” mais qui ne résolvent pas de véritables problèmes. Beaucoup de ces initiatives ont levé d’importants fonds ces dernières années grâce à l’abondance de capital. Mais si une technologie ne répond pas à un besoin réel, elle ne mérite peut-être pas de survivre. Je pense que nous ne faisons que commencer une correction nécessaire du marché, et de nombreuses entreprises disparaîtront dans les années à venir. 

L’impression 3D aujourd’hui, c’est l’usinage CNC d’il y a 30 ans.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre travail chez Anisoprint ?

Le nom “Anisoprint” vient du mot “anisotrope”, un concept bien connu en impression 3D, qui décrit la variation des propriétés mécaniques d’un matériau selon la direction. L’entreprise conçoit des imprimantes à extrusion de fibre continue permettant de produire des pièces très résistantes sur les axes X/Y.

Concernant l’impression de fibre carbone continue, seules Anisoprint et Markforged proposent cette technologie — Anisoprint se positionnant comme une solution plus compétitive en termes de coût.

En résumé, les pièces produites avec cette technologie peuvent être aussi solides que l’aluminium tout en étant jusqu’à sept fois plus légères — à condition que la conception soit optimisée pour orienter les fibres selon les charges principales.

Nous utilisons également la co-extrusion, qui permet d’imprimer plusieurs matériaux mélangés dans une même buse. Cela ouvre la voie à la création de matériaux composites sur mesure, adaptés à des besoins spécifiques. 

Quelles sont vos prévisions à court et moyen terme pour le marché de l’impression 3D ?

Le marché dans son ensemble doit évoluer vers la production de masse et adopter le langage CNC. En parallèle, on observe une montée en puissance des fabricants asiatiques. On s’attend à un scénario similaire à celui des ordinateurs portables ou des smartphones, avec des machines plus abordables, mais aussi plus performantes et innovantes. 

Un conseil pour ceux qui souhaitent se lancer dans l’impression 3D ?

Il n’est jamais trop tard pour commencer ! Il existe de nombreux groupes LinkedIn, salons professionnels, conférences utilisateurs, sans oublier les ressources disponibles sur les réseaux sociaux, les podcasts et les webinaires. Je recommande de commencer par s’intéresser à la Quatrième Révolution industrielle, dont l’impression 3D est un des piliers. Et s’ouvrir à l’intelligence artificielle peut également accélérer l’apprentissage. 

Un dernier mot ?

Allez découvrir Anisoprint ! Notre ambition est de démocratiser la technologie de fibre continue — et de belles surprises sont à venir dans les prochains mois ! 

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